L’échec d’EVBox : ENGIE abandonne ses ambitions dans la recharge électrique

ENGIE abandonne EVBox : Retour sur un échec industriel majeur

ENGIE, le géant français de l’énergie, a annoncé la fermeture d’EVBox en octobre 2024, mettant fin à l’une des plus grandes ambitions électriques en Europe. Cette décision, prise après des pertes énormes et des années de difficultés, représente un revers majeur dans l’électrification des transports et une page qui se tourne pour le secteur de la mobilité électrique. Retour sur les raisons de cette fermeture et ses implications pour le secteur.

Un échec financier qui coûte cher à ENGIE

ENGIE avait acquis EVBox en 2017 avec l’espoir de profiter de la croissance fulgurante du marché des infrastructures pour véhicules électriques. Cependant, cette ambition s’est avérée coûteuse. Depuis son acquisition, EVBox a engendré une perte de 800 millions d’euros pour ENGIE, un chiffre qui reflète l’incapacité de l’entreprise à faire face aux défis opérationnels et à la compétition étrangère. En conséquence, ENGIE a pris la décision radicale de liquider EVBox, fermant ainsi les sites de production et les bureaux aux Pays-Bas, en Allemagne, et aux États-Unis.

Des emplois supprimés, une industrie affectée

La liquidation entraînera la suppression de la majorité des 700 emplois d’EVBox. Seulement 30 postes seront conservés, tandis que des discussions sont en cours pour des contrats temporaires concernant environ 100 autres salariés. Cela représente une perte d’expertise significative dans un secteur en plein essor, où les infrastructures de recharge sont cruciales pour soutenir l’adoption des véhicules électriques.

Une tentative ratée d’introduction en bourse

En 2021, EVBox avait tenté une fusion en vue de s’introduire en bourse. Cette initiative avait pour but de lever les capitaux nécessaires pour continuer son expansion rapide. Toutefois, l’opération a échoué, laissant l’entreprise dans une position financière précaire. Face à ces revers, ENGIE a tenté de vendre EVBox, mais les offres reçues n’étaient pas suffisantes pour justifier une vente, menant à la décision de liquidation.

La compétition et les nouvelles règlementations, des obstacles majeurs

L’échec d’EVBox peut être attribué en partie à une compétition accrue sur le marché de la recharge, ainsi qu’à des changements réglementaires. La réglementation AFIR (Alternative Fuel Infrastructure Regulation), par exemple, a exigé des investissements considérables dans le matériel et les logiciels, mettant une pression financière insoutenable sur des entreprises comme EVBox. D’autres acteurs de l’industrie ont également été touchés. EnerCharge, une autre entreprise du secteur, a dû déposer le bilan en juillet 2024 avant d’être rachetée par Keba.

Des contributions significatives à la mobilité durable

Malgré sa fermeture, EVBox laisse derrière elle un héritage notable. Depuis sa fondation en 2010, l’entreprise a installé plus de 500 000 points de recharge à travers le monde et comptait plus de 20 000 clients commerciaux. Ces chiffres montrent l’importance de la contribution d’EVBox à l’infrastructure de recharge globale. Parmi les succès de l’entreprise, on peut citer la collaboration avec Scania, visant à électrifier les flottes de poids lourds dans 13 pays européens, ainsi que l’installation de bornes de recharge haute puissance (jusqu’à 480 kW) sur les grands corridors de transport, comme l’axe Paris-Lyon.

Des initiatives aux États-Unis

EVBox avait également mis un pied aux États-Unis avec son usine de Libertyville, Illinois, produisant des chargeurs rapides modulaires conformes aux initiatives Build America, Buy America. L’entreprise avait même fait don de 40 stations de recharge aux parcs et espaces publics d’Illinois, dans un effort pour promouvoir la mobilité durable sur le continent américain. Malheureusement, ces efforts n’auront pas suffi à stabiliser la situation financière d’EVBox.

Que signifie cette fermeture pour l’avenir de la recharge électrique ?

La fermeture d’EVBox est un signal fort pour le marché de la recharge électrique, soulignant les défis économiques et réglementaires auxquels les acteurs de ce secteur sont confrontés. L’échec d’EVBox rappelle que, même si la demande pour la recharge électrique est en hausse, la mise en place et l’opération de ces infrastructures sont extrêmement coûteuses et sujettes à des risques économiques importants.

Pour les utilisateurs, cette fermeture pourrait signifier moins de concurrence, donc potentiellement des tarifs de recharge plus élevés ou des difficultés à trouver des bornes de recharge dans certaines zones. Quant à ENGIE, cet échec illustre les difficultés de diversifier ses activités dans des secteurs émergents, même avec un soutien financier important.

Conclusion : La liquidation d’EVBox par ENGIE représente la fin d’une époque pour une entreprise qui a été un pionnier des infrastructures de recharge pour véhicules électriques. Bien que son impact sur le marché ait été significatif, les défis financiers et réglementaires ont eu raison de l’entreprise. L’avenir de la mobilité électrique passera probablement par des solutions encore plus innovantes, capables de s’adapter aux réglementations changeantes et aux conditions de marché impitoyables.